Compagnie Etc…Art



Etc…Art - 10, rue Bien-Assis - Clermont-Ferrand - 04 73 92 55 31 -
etc.art@orange.fr etc.art.ouvaton.org

Création 2016
 

Durant ces 25 années de vie, l’écriture contemporaine s’est imposée au centre de la création théâtrale de la compagnie Etc...Art (Grumberg, Nancy Huston, Tronchet, Amara Lakhous...) Au travers de ses créations, Etc...Art revendique une démarche d’engagement social et politique, et puise ses inspirations dans différents sujets de société qui l’interpellent, tels que l’exclusion, le racisme, l’alcoolisme, la cohabitation des cultures, la souffrance animale...
Thèmes toujours abordés avec humour.
Travailler autour de la thématique de la femme s’est imposé. La deuxième partie du 20ème siècle fut riche en changements pour la condition de la femme en France : droit de vote, droit à l’avortement, droit de travailler sans l’accord de son mari... Au 21ème siècle qu’est-elle devenue ? Un triptyque autour de la femme Depuis 2014, la compagnie a ainsi entamé un cycle de créations autour de la femme, dans différents états et contextes.
Dans un premier volet, leurs droits. Grâce à l’avancée des lois, la femme semble avoir trouvé une « certaine » place dans la société, mais qu’en est-il de son intimité ?
Dans le second volet, le couple : machisme et soumission, féminisme et suspicion. Et la femme en tant que mère ? Son droit de choisir le moment de faire des enfants et la plus grande facilité de choisir de ne pas en faire, ont-ils influencé son rapport avec ses enfants, et particulièrement avec ses filles qui deviendront peut-être mères à leur tour ? C’est le sujet du troisième volet.

 
Les protagonistes

3ème volet - création 2016 : « Bord de mère »

Deux comédiennes, deux auteures et 4 metteurs en scène (deux femmes et deux hommes, parité oblige)
Un musicien a écrit le thème de la pièce décliné différemment selon l’atmosphère.


Auteures : Anne Monteil-Bauer et Frédérique Zahnd
Comédiennes : Noémie Ladouce et Véronique Pilia

Metteurs en scène : Nicole Charpail, Thérèse Bosc, Bruno Boussagol et Jean- Luc Guitton

Musicien : Franck Pilandon

Création lumière : Pierre Court



 
La mise en oeuvre

La forme choisie pour notre troisième création s’inspire des films à sketches italiens* où plusieurs réalisateurs élaboraient chacun une histoire différente sur un même thème : 4 histoires, 4 metteurs en scène, donc 4 points de vue différents. De la férocité à la tendresse, du grotesque à la grandeur, du ridicule au pathétique, de la bienveillance à la perversité... décrire les rapports mère-fille permet d’explorer une palette de sentiments, comme de registres littéraires.

Pourquoi cette forme ? Parce qu’il n’existe pas un seul modèle, une seule façon de faire, une seule règle du jeu, pour être mère ou pour être fille.
Mère aimante, mère violente, mère étouffante, mère pygmalion, mère accablée, mère autoritaire, mère copine, mère irresponsable, mère castratrice, mère enfant, mère... sans enfant ? Ce catalogue nécessite des tons différents, déclinés à travers les scènes et les personnages variés, tous écrits pour deux comédiennes.
C’est l’idée de jeu qui sera au fondement de cette création. Jeu de l’enfant, de la petite fille, qui mime la réalité pour mieux la comprendre et l’apprivoisier. Jeu de rôle qu’expérimentent très tôt les petites filles à travers les scénarios qu’elles inventent avec leurs poupées, où elles peuvent rejouer la relation mère-fille mais en tenant, dans le jeu, le rôle actif de la mère.
Jeu du texte, pour lequel l’auteur emprunte des morceaux de réel, des faits vrais (souvenirs ou observations), les mêle à l’imaginaire - ses peurs, ses fantasmes, ses traumas, son humour -, puis les précipite ensuite dans un puzzle dramaturgique cohérent pour le spectateur.
Enfin, jeu de l’acteur, qui mise sur son expérience, son humanité et son travail pour donner vie et chair à ces créations, ce « semblant » qui devra réveiller des émotions enfouies, plus réelles et plus vivantes que le quotidien des spectateurs.

* « Les Nouveaux Montres » de Monicelli, Risi et Scola
   « Boccace 70 » de Fellini, Monicelli et Visconti
   
« Les Poupées » de Comencini, Risi et Rossi

 
 
Les Auteures
Frédérique Zahnd

« Parallèlement à une écriture académique (thèse en cours à L'Université de Lausanne "Sexe et spirituel dans le roman contemporain au tournant du XXIème siècle"), à une activité critique (j'anime le groupe littérature à la revue Esprit, prochain article " le goût du fait vrai dans le roman français contemporain" à paraître cet automne), et à ma pratique de l'atelier d'écriture dans mon activité d'enseignante à Lausanne, mon intérêt pour la littérature contemporaine cherche aujourd'hui une voie créative, déjà manifeste dans la publication de plusieurs nouvelles.


La proposition de la Compagnie Etc...Art me séduit pour plusieurs raisons :

Une raison thématique : l'identité féminine qui faisait l'objet de ses deux derniers spectacles est un sujet central dans ma thèse. Un des vecteurs privilégiés de cette identité est la transmission mère-fille. Véronique Pilia souhaite l'aborder sous un angle non seulement psychologique, ce qui a été souvent fait, mais social et politique.
Une raison formelle : la compagnie envisage pour ce spectacle une pluralité de discours et de modes d'énonciation, scènes, monologues, listes, insertions de documents et de matériaux vrais... Cela met ce projet en prise avec la création littéraire la plus contemporaine.
Enfin une raison qui touche aux pratiques artistiques : «écrire à plusieurs, que ce soit du fait même de la commande, dès la conception du projet, ou pendant son élaboration, avec un autre auteur - Anne Monteil-, avec les comédiennes elles-mêmes, est une gage d'actualité et de justesse pour un tel sujet. »


Anne Monteil-Bauer

Auteure, comédienne, metteure en scène.
Formée d’abord au théâtre (Cours Simon, Cours Florent, ENSATT- Rue Blanche), elle a dirigé plusieurs années la compagnie L’Attrape-Silence-Théâtre qu’elle a créée à Strasbourg.

Après avoir adapté différents textes pour le théâtre (« Le Journal » d'Alfred Dreyfus, « Le Petit Ami et la Correspondance avec sa mère » de Paul Léautaud, « Contes » de Grimm et Perrault), elle se consacre de plus en plus à l'écriture et voit sa pièce « Quoi ? Intérieur crâne 1&2 », créée à la Manufacture de Colmar en 2002.
En 2004, elle s'installe à Lyon et écrit son premier roman « Ecchymose » paru en 2005 chez Maren Sell Editeurs, réédité en 2010 chez A Plus d'un titre Editions qui a également publié « Alfred Dreyfus, un homme court dans la nuit » en 2009. Elle collabore à différentes revues littéraires et vient de publier « Nous ne regarderons pas Ailleurs » (2015, Editions Petites mais libres). En 2014, elle participe à l'adaptation théâtrale de « Rouge Définitif » d'après ses textes « Ecchymose » et « Remontée des Naufrages » (recueil poétique inédit), créé à Délestât en novembre 2014 ( tournée prévue en 2016- 2017).
 
Elle est également fondatrice de l'association Si, si les femmes existent dont le but est de promouvoir la mémoire des femmes à travers des actions culturelles et un abécédaire mémoriel interactif (en cours d'élaboration).

Notes d'intention 
Commande

Dans ce troisième volet de son triptyque sur les femmes, la compagnie Etc...Art aborde les rapports Mère-Fille et me confie l'écriture d'une micro-fiction théâtrale (en cinq sketches) qui s'attachera plus particulièrement à faire entendre le point de vue d'une femme qui choisit de ne pas avoir d'enfant.

Synopsis

Une cinquantenaire se rappelle ses déboires quand, à la trentaine, elle a fait le choix de ne pas avoir d'enfant. Entre les figures grotesques de mères tyranniques ou dépressives qui la hantent et les pressions non moins grandiloquentes de son entourage, pas facile de s'y retrouver, de savoir ce qu'on veut ou ce qu'on ne veut pas !

Enjeux

Il s'agira de faire entendre avec humour le poids d'un héritage dans lequel les mères continuent de transmettre à leurs filles un message de soumission dissimulé sous des conseils de beauté, d'éducation et de parfaite organisation domestique. Le texte dépliera aussi - tout en légèreté incisive - l'idée qu'on peut s'épanouir en tant que femme sans passer par la case maternité.

Style

En entremêlant les conventions de la parodie, du sketch, de la comédie et des emprunts au théâtre de l'Absurde, le texte offrira aux deux comédiennes une brochette de personnages moitié clowns, moitié funambules. L'écriture oscillera entre le grotesque et le poétique, « l'hénaurme » et le lunaire, elle prendra des virages serrés dans le rire fait de décalages, d'insolences et de coups de projecteur dans le réel aux allures de miroirs déformants.


 
Extraits
1er extrait
La Mère : Tu sais, ma chérie, c'est important de commencer tôt, moi, j'ai commencé très tôt à économiser pour mon lifting. Surtout si tu veux faire un total body : visage, seins, fesses, ventre ! Moi, je me suis offert le must et tu vois, je ne le regrette pas, franchement, c'est très réussi ! Bon, il y a cette histoire de raideur du côté gauche (grimace), mais comme dit mon chirurgien : « Le sourire en coin, ça donne du mystère ! » Et les hommes adorent les femmes mystérieuses, qui ont l'air de leur résister ! Je vais te dire une chose, quand une femme n'est pas belle, elle n'a qu'une solution : le devenir ! Et même quand - comme nous - on a un beau petit capital de départ (se touche alternativement les seins et les hanches), la compétition est difficile. Dans le fond, aujourd'hui, l'important, ce n'est plus tellement ce petit capital de départ, c'est le choix de son praticien ! Il faut pouvoir se payer le meilleur ! Le temps passe vite, ma chérie, crois-moi - tu me remercieras plus tard - il faut commencer à économiser très tôt pour son lifting ! Georges est enchanté par mes nouveaux seins, il paraît qu'il en parle à tout le monde, c'est son ami Antoine qui me l'a dit, tu sais celui qui a le garage Mercedes sur la place ! Et je peux te dire que je ne manque pas une occasion de leur coller sous le nez, mes seins ! On devrait pouvoir les faire coter en bourse, tu me diras on n'a pas besoin de ça pour sentir leur Down Jones s'affoler.

2ème extrait
La mère et la fille attendent l’arrivée du nouveau copain de la mère.
  •    Fille Maman il a des enfants Bruno ? 

  •    Mère Bien sûr qu’il a des enfants. 

  •    Fille Combien ? 

  •    Mère Un garçon et une fille. 

  •    Fille Ils sont gentils ? 

  •    Mère Bien sûr qu’ils sont gentils. Gentils, beaux, propres, bien habillés. Ils sont 
normaux. 

  •    Silence 

  •    Mère Ah ! On peut pas dire qu’on ait les mêmes valeurs vestimentaires, toi et moi. Tu n’aurais pas ce look si c’est moi qui t’avais élevée. 

  •    Silence 

  •    Mère Qui c’est qui t’a fait les ongles ? 

  •    Fille C’est Maude. Mais il y a longtemps. 

  •    Mère Oui, t’as pas besoin de me le dire. 

  •    Silence 

  •    Mère Maude, c’est celle qui a un gros cul ? 

  •    Fille Euh, oui, mais elle a maigri cette année... 

  •    Mère Tu peux pas te choisir des copines normales ? Un peu féminines ? 

  •    Silence 

  •    Mère Ton père, il boit toujours autant ? 

  •    Fille Euh, non, je crois pas. Un apéro des fois. 

  •    Mère Ah il boit pas ? Mais t’as de la merde dans les yeux ou quoi ? 

  •    Silence 

  •    Mère Il a une copine ? 

  •    Fille Euh, oui. 

  •    Mère Comment elle s’appelle ? 

  •    Fille Farida... 

  •    Silence. Sourire de satisfaction. La mère hausse les épaules. 

  •    Mère Je le savais bien. Julie elle l’a croisé, ton père, il était avec elle. Elle bosse à Aldi. 

  •    Silence
  •    Mère  Elle sent bon ?
  •    Fille  Ben... Oui.  

  •    Mère 
 Elle est sympa ?
  •    Fille 
 Ça va.
  •    Mère 
 Elle fait bien à manger ?
  •    Fille 
 Oui.
  •    Mère 
 Qu’est-ce qu’elle vous a fait ? Du couscous ?
  •    Fille 
 Non, euh… Du pot au feu.
  •    Mère 
Du pot au feu ?
  •    Mère Oui et de la viande surtout. 

  •    Fille Oui, c’est le truc avec du bouillon et des légumes, des poireaux, des carottes ?
  •    Mère Oui et de la viande surtout.
  •    Fille Ah ben non y avait pas de viande. 

  •    Mère Ah, du pot au feu sans viande ! Il a trouvé la perle rare. 

  •    Silence 

  •    Fille Maman Farida elle m’a dit que quand les femmes les règles elles s’arrêtent eh ben on peut prendre maintenant des hormones pour pas vieillir. Tu connais ça ? 

  •    Silence 

  •    Mère Tu te rends compte ou pas Bénédicte, que chaque fois que tu me vois tu 
trouves un moyen de me rappeler que j’ai 20 ans de plus que toi ? 

  •    Silence 

  •    Mère Tu t’en rends compte ou pas ? 

  •    Fille ( Pétrifiée) Ben...non...



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